Quatre soeurs by Tanizaki Junichirô

Quatre soeurs by Tanizaki Junichirô

Auteur:Tanizaki, Junichirô [Tanizaki, Junichirô]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature japonaise
Éditeur: Gallimard
Publié: 1997-02-14T23:00:00+00:00


XXV

Jusque-là, tout en laissant couler ses larmes en longues traînées sur ses joues et en reniflant fréquemment, Tae ko avait conté son histoire de manière logique. Son ton se calma ; aux nombreuses questions que posa Satchi ko, elle ne répondait que par des affirmations ou des dénégations de sorte que Satchi ko devait boucher elle-même par ses suppositions les trous laissés dans le récit… Voici l’histoire telle qu’elle put la reconstituer.

Aux yeux de Tae ko, Itakoura contrastait heureusement avec Okoubata à beaucoup de points de vue. Ses sentiments à son égard avaient surgi avec une rapidité surprenante. Tout en se moquant des idées de la maison aînée elle avait le souci du renom de la famille et de la naissance ; elle avait pensé qu’il était comique pour elle de choisir pour partenaire un homme comme Itakoura ; elle avait lutté pour rester maîtresse d’elle-même, mais son cœur avait été plus fort que sa raison. Elle n’était pas femme à perdre la tête, même dans les cas extrêmes, et de s’être éprise d’Itakoura ne l’avait pas rendue aveugle. Instruite par son histoire avec Okoubata, elle envisageait les choses de loin, elle avait pesé le pour et le contre, elle en avait fait la balance aussi habilement qu’elle le pouvait et elle avait conclu que son bonheur était dans un mariage avec Itakoura. Satchi ko, qui avait deviné la plus grande partie des relations entre Itakoura et Tae ko, était loin de supposer que sa sœur voulait épouser Itakoura ; elle fut abasourdie. Tae ko avait tenu compte en prenant sa décision de ce qu’il avait commencé comme apprenti, qu’il n’avait pas reçu d’instruction, qu’il était né dans une famille de cultivateurs d’Okayama, qu’il avait la vulgarité des émigrants rentrés d’Amérique. Mais, comme homme, il était supérieur à Okoubata, l’enfant gâté. Superbement bâti, il n’hésiterait pas à se précipiter dans le feu s’il le fallait. Ce qui était le plus remarquable est qu’il subvenait à ses besoins et à ceux de sa sœur, alors que l’autre devait mendier auprès de sa mère et de son frère aîné. Parti sans un sou pour l’Amérique, il s’était débrouillé sans l’aide de personne ; il avait appris son métier tout seul, or la photographie d’art demandait une intelligence convenable et il avait prouvé qu’il en était pourvu. Il n’avait pas reçu une éducation régulière mais il possédait intelligence et sensibilité. Elle estimait qu’il avait plus d’aptitude pour s’instruire qu’Okoubata avec ses diplômes universitaires. Pour elle, la situation de famille, la fortune venue d’héritage, la culture prouvée par des diplômes n’avaient plus d’attrait ; Okoubata lui en avait prouvé l’inanité. Elle était devenue réaliste. L’homme qu’elle prendrait pour époux devrait répondre à trois conditions : être robuste, être capable d’exercer un métier, l’aimer assez pour être prêt à risquer sa vie pour elle. Elle ne demandait rien d’autre. Itakoura satisfaisait à ces trois conditions. De plus, ses trois frères aînés travaillant à la campagne, il n’avait pas le souci d’avoir à soutenir des parents



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